Le
bonheur des autres
J’ai
promené mon corps près des baraques foraines d’une fête dans un
port. La place du marché était pleine et des couples arrivaient
encore, je crois que j’avais de la peine.. Je crois que j’enviais
tous ces gens, que je les détestais parce qu’ils riaient, tout
simplement, sans voir le mal qu’ils me faisaient. Avec
mon air indifférent, faut dire que j’en crevais.
J’ai
promené mon cœur dans un pauvre bal de banlieue, même la musique
était ailleurs, des couples pâles se balançaient sous le faible
clair des lampions, et moi, au bord, je regardais.. Il y avait
l’automne et puis le vent, pourtant quand je tremblais,
j’avais surtout froid en-dedans, et quand l’orchestre s’arrêtait,
quand les couples se défaisaient, j’étais au bord, je regardais.
J’ai
promené ma peine au long de mon enfance, j’attendais que tu
viennes. Au
bal de mes souffrances, je n’avais pas de main dans la mienne, je
ne parlais qu’à une absence. Puis tu m’as parlé, on a marché,
un samedi du vieux Paris nous a donné l’idée d’aimer. Je me
souviens, tu as souri, un gars pâlot nous observait avec dans les
yeux comme de la haine ou du mépris, ou peut-être tout simplement
de la jalousie...
Ouvrez le ban: Le banc du jour
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