Soleil en rayon
Autour des tours au
loin, la fraîcheur orange du matin et ses reflets sur la Seine, la péniche au
chevron sur son papier carbone froissé...
Le pont de Clichy
étire des machines impatientes et leurs jets de fumées au feu rouge, j’oublie
le bruit, je marche dans ma tête, je rêve sur une affiche, j’invente un
paysage, une plage, un visage...
Une poignée de pas
et Paris est là tout autour dans ces atours d’asphalte ternes ou argentés au
gré du chatoiement des lumières, ou des habits de pluie.
J’aime ces rues
grises, les petits matins déserts du marché et du square des Batignolles.
Des serpents
silencieux, en contrebas, se croisent et rentrent et sortent du grand pavillon
de la gare Saint-Lazare.
La rue
sur ses étals à du soleil en rayon, les vélos font la roue sur les trottoirs,
des enfants jouent au ballon, le temps se maintient dans un équilibre fragile.
Au Palais Royal, des
fontaines et des jets de perles brillantes jettent un voile sur l’horizon,
demain est loin, l’instant est long, des reflets cascadent sur les tuiles
d’ardoise, des volées d’oiseaux se croisent, l’air sent bon.
Je me souviens, vers
onze ans, j’allais gamin dans cet écrin, être en essor dans ce décor.
Il me semble que
j’appréhendais déjà, comme un adulte, ce monde dont je percevais confusément le
tumulte.
Le derviche
perpétuel des mille cadrans fait valser en rond nos rires, nos peurs, nos
pleurs, nos convictions, et dansent nos lâchetés, nos haines, nos rancœurs et
nos idylles...
C’est nous qui
passons, le temps est immobile.
Silhouettes
solitaires, couples enlacés, bébés bercés, échantillons de vies, morceau
d’humanité, dans le silence ou dans le bruit, comme à la parade s’étire le
défilé.
Souvent, sûrement,
des façades rutilantes sur des appartements déserts, pas de contenu, juste des
cons tenus à des tenues vestimentaires, à des comportements, à des airs...
Ressembler pour se
rassembler, paraître pour disparaître, imiter quelqu’un pour n’être personne...
Jonathan, lui, ne
voit de là-haut que des petits points qui bougent, un bocal de poissons rouges,
si nos vies n’étaient que ça ?
Je suis assis sur un banc, être toujours de passage, j’observe les choses et les gens, sous le
plumage, le ramage, je rêve et je t’attends...
Ouvrez le ban: Le banc du jour
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