Le souffle de vie violent déferle et
s’engouffre, les sensations, émotions, parfums, odeurs, visions, échos,
gazouillis, bavardages, craquements, grincements, cacophonie, les voix, la
musique, les frôlements, les caresses, la douleur, le plaisir encombrent
rapidement la mémoire de l’intime.
Par vague, en jeunesse, parce que la nouveauté
nous ensorcelle, la parure de notre moi intérieur se fait plus belle, on
consomme les jours, et on les jette, pas de temps pour se poser, pas de risque
qu’on regrette.
On fait des arrangements, pour rendre
l’histoire plus belle, ou pour gagner de la place, et le temps passe, et la
mémoire disponible sans cesse se renouvelle.
Sans cesse on nettoie, on repeint, on
réaménage, on change le décor, l’aménagement, il faut trier, ranger, stocker,
pour reprendre de l’espace, au grenier de l’oubli.
On ressort quelques fois un album, quelques
vieilles photos, avec elles surgissent de l’étonnement, de l’émoi, de la
souffrance, de la nostalgie, des regrets, et puis l’album se referme, et
rejoint le fouillis extraordinaire et infini du grenier de l’oubli.
Et puis avec l’âge vient l’expérience et le
souffle peu à peu se ralentit, la tempête d’autrefois n’est plus qu’une brise
légère, un chuchotement dont la mémoire de l’intime ne s’encombre pas.
Cet espace, autrefois submergé, redevient
disponible et l’on se surprend à plonger plus souvent dans le capharnaüm
brinquebalant, dans le bric-à-brac du grenier de l’oubli.
Vient alors la peur de vieillir, de régresser,
de trop se retourner vers le passé, mais au fond, nous sommes la somme de nos
expériences, de nos vécus, de nos bons et mauvais jours, il faut les laisser
venir, laisser les souvenirs, ils nous enrichissent.
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