mardi 2 mai 2017

Le gibier de potence

La première fois qu’elle le vit, il peignait des fleurs sur un mur, des fleurs-femmes, ou des femmes-fleurs, peu importe, elle trouva ça joli.
Elle l’aperçut une autre fois encore, il dessinait sur le gris du pavé, un homme et une femme enlacés, elle trouva ça réussi.
La fois suivante, il était entre deux agents , le visage tranquille, il se laissait emmener, elle trouva ça étonnant.
Un jour qu’elle se promenait, elle fût prise au milieu d’une foule compacte sur la grand-Place, on entendait des roulements de tambours, elle se faufila tant bien que mal pour voir, l’incertitude lui sembla durer une éternité, un étrange pressentiment la tenaillait. Son regard découvrit enfin, là qui se dressait, agressive, la potence, et sur les planches de bois il était là, les yeux tranquilles, les mains attachées dans son dos. Etrange toujours, cette sérénité, ce calme...
Un homme en uniforme déroula un long parchemin et lu, ce fût long, presque angoissant, la foule avide attendait. Elle pensa, un peu, que peut-être elle l’aimait.
Le bourreau passa enfin la corde autour de son cou, il était calme, exaspérément calme. L’exécution fut brève, et la tranquilité n ‘avait pas quitté son visage.

Elle resta longtemps à contempler le spectacle de cet homme pendu que la vie avait depuis longtemps abandonné, et après avoir bien retourné tout ça au-dedans d’elle-même, elle trouva ça.. dommage.






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