samedi 26 septembre 2020

L'animal-être

 

Personne n’est vraiment mauvais, c’est le monde qui nous entoure, qui nous influe, qui nous étouffe, c’est la folle exigence de la vie, du corps, de l’envie, c’est la vanité, c’est la formidable illusion de liberté et d’autodétermination, c’est l’infinie mécanique du déroulement des jours, qui nous conduit qui nous propose plaisirs, déplaisirs, haines et amours, c’est l’intensité, c’est le foudroiement, par la beauté, par l’émotion, par l’engagement, et la douleur indicible par la trahison, les remords, la peine, la douleur et la mort.

L’animal être que nous sommes n’est que le jouet d’un décor, d’un scénario, d’une mise en scène, mêlant comédie et drame dans ce passage à l’acte, ce feuilleton universel et récurrent, dans l’obscurité ou en pleine lumière, tenant plus ou moins compte du conseil des souffleurs, tantôt fuyant, tantôt cherchant les applaudissements.

L’animal être se jette dans la trame, il joue et rejoue de ses charmes pour durer, pour prolonger la représentation, pour oublier le terme inéluctable, en quête d’une solution ou d’un sésame, mais le temps passe et le mot fin que rien n’efface, envahit la scène, le rideau se ferme, et les yeux une dernière fois, il n’y aura pas de rappel.


Ouvrez le ban! Le banc du jour








lundi 14 septembre 2020

Nuages

 

Deux amants enlacés cotonnés dans le ciel

Enfuis d’un coup de vent par des elfes remplacés

Puis les formes se fondent, les nuées s’entremêlent

Du trouble à nous troubler, des formes imaginées.


N’est-ce pas un chien, un cerf ? Un château médiéval ?

Pour l’imagination, c’est fromage et dessert

A regarder des heures danser les fées du bal

Agitant leur baguette, bousculant l’univers.


Est-ce un divin message qu’on ne sait décoder ?

Le nuage est un rêve, on retient ce qu’on veut

Moi, je désire simplement fantasmer, musarder

Songeant, la tête en l’air, ouvert au merveilleux.


Un ciel d’été, un banc, là-haut des formes blanches

Des chevaliers s’affrontent ou des amants s’épanchent...



Ouvrez le ban! Le banc du jour 






 

vendredi 11 septembre 2020

Timidité

 

Lui dirais-je
Oserais-je
M’intimide
Me liquide
Et j’hésite
Je suis quitte
Pour la peur
Et mon cœur
Bat plus fort
Dans mon corps
Oserais-je
Lui dirais-je
C’est trop bête
Mon assiette
Fuit mes pieds
J’vais tomber
Je me ronge
Et je songe
A parler
Mais j’suis muet
Oserais-je
Parlerais-je
Vais-je lui dire
Sans rougir
A la belle
Mademoiselle
Quelle hantise
J’suis ballot
Z’êtes assise
Sur mon chapeau.

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jeudi 10 septembre 2020

La mémoire de l'intime

 

Le souffle de vie violent déferle et s’engouffre, les sensations, émotions, parfums, odeurs, visions, échos, gazouillis, bavardages, craquements, grincements, cacophonie, les voix, la musique, les frôlements, les caresses, la douleur, le plaisir encombrent rapidement la mémoire de l’intime.

Par vague, en jeunesse, parce que la nouveauté nous ensorcelle, la parure de notre moi intérieur se fait plus belle, on consomme les jours, et on les jette, pas de temps pour se poser, pas de risque qu’on regrette.

On fait des arrangements, pour rendre l’histoire plus belle, ou pour gagner de la place, et le temps passe, et la mémoire disponible sans cesse se renouvelle.

Sans cesse on nettoie, on repeint, on réaménage, on change le décor, l’aménagement, il faut trier, ranger, stocker, pour reprendre de l’espace, au grenier de l’oubli.

On ressort quelques fois un album, quelques vieilles photos, avec elles surgissent de l’étonnement, de l’émoi, de la souffrance, de la nostalgie, des regrets, et puis l’album se referme, et rejoint le fouillis extraordinaire et infini du grenier de l’oubli.

Et puis avec l’âge vient l’expérience et le souffle peu à peu se ralentit, la tempête d’autrefois n’est plus qu’une brise légère, un chuchotement dont la mémoire de l’intime ne s’encombre pas.

Cet espace, autrefois submergé, redevient disponible et l’on se surprend à plonger plus souvent dans le capharnaüm brinquebalant, dans le bric-à-brac du grenier de l’oubli.

Vient alors la peur de vieillir, de régresser, de trop se retourner vers le passé, mais au fond, nous sommes la somme de nos expériences, de nos vécus, de nos bons et mauvais jours, il faut les laisser venir, laisser les souvenirs, ils nous enrichissent. 

 











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