vendredi 21 octobre 2022

Etat des lieux

 Elles ne peuvent compter sur les fées,
Mes rides, pour disparaître, s’évaporer.
Du premier rot au dernier saut,
Dis-moi, c’est quoi le dessert ?

Je ne suis pas romantique,
Plutôt Rome antique,
Pas complètement en ruine,
 Mais, un peu, monument en péril.

Je suis un petit vieux,
De plus en plus vieux,
De plus en plus petit,
Infiniment petit,

L’infini ment, je suis fini,
Je vais disparaître.
Mon obsolescence
Est programmée.

Nos maux, nos plaies, nos os,
Nos mots, à quoi ça sert ?
A quoi servent nos mémoires en conserve,
Et tous nos objets amassés ?

Il ne faut pas confondre
L’aspect et le cœur des choses,
Ce que l’on voit, souvent,
Dépend du regard porté.

Ce que l’on croit n’est pas plus vrai
Que tout ce que l’on sait,
Mais ce que l’on sait n’est rien
Comparé à ce que l’on ignore.

Je ne vois mon physique qu’antique,
Je ne suis pas noble, mais ne suis que particules.
Rien n’est absolu, autour de moi s‘articule
Tout un monde visible et invisible.

L’environ n’est qu’à peu près,
Et pourtant, les murs sales,
Comme les arbres ou les roses,
Tout raconte quelque chose.

Jamais l’environ ne ment.
Il va sans dire que, dans l’air,
Rien ne me contredit, ni ne, ni ni,
Et je navigue sans repères

Toujours, j’erre en silence,
Mon esprit vagabonde,
Mes idées font la ronde...
J’avance.

Pierre REMY