vendredi 29 septembre 2017

Fatiguant


Mémo d'avant, mes mots d'alors (26)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

C'est fatigant
Fatigant de vivre tout seul
Fatigant de vivre à deux
Fatigant de jouer le jeu
Fatigants tous ces linceuls.

Enterrer ceux qui meurent
Embrasser ceux qui vivent
Jusqu'à la dernière demeure
Et jusqu'au dernier convive.

Un jour, je dirai que j'ai froid
Et ça voudra dire il fait froid
Un jour je dirai que j'ai chaud
Et ça voudra dire il fait chaud.

Un jour je dirai tu m'irrite
Et ça voudra dire je te quitte
Un jour je dirai tout est fait
Et ça voudra dire je m'en vais..

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jeudi 28 septembre 2017

Tout passe et tourne


Tout passe et tourne

Fini le petit square des jeudis, transformé en parking, au temps où l’on avait le temps, vivaient les épées, les flèches et les arcs dans nos têtes d’enfants.

On jouait à cache-cache sous les portes cochères de vieux immeubles à moitié délabrés. Ce n’est plus du tout le même univers, d’énormes HLM les ont remplacés..

Tout passe et tourne, si tu te retournes, tu ne vois plus rien de ce qui fût ton chemin..

Au numéro 13 de l’avenue, il y avait, rappelle-toi, notre banc sur lequel on partageait nos problèmes d’adolescents et nos vues sur le monde.

Et cette fille qui nous avait séparés, où est-elle? Et dans quels autres cieux sont partis les bris de notre amitié, et nos secrets et notre fronde?

Tout passe et tourne, si tu te retournes, tu ne vois plus rien de ce qui fût ton chemin..


Notre chemin..

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mercredi 27 septembre 2017

Dur à suivre..


Mémo d'avant, mes mots d'alors (25)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..


Si l'être aîné lettré n'est, il est très net qu'il va traîner les traînées sans l'être aimé pour l'étrenner, par Trenet entraîné, parce-que l'être est né et l'aimée faite reine n'est. Alors comme l'être est né de l'être aimé, de l'étrenne de l'être aîné cette lettre est née...


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lundi 25 septembre 2017

Un couple brun, un couple blond

Derrière la glace, les arbres se bousculaient, et je rêvassais en fixant mes mains, mes mains tenaient un livre, mais lire ne me disait rien.
Passaient les minutes et défilaient toujours les mêmes arbres du même vert, un vert passé, un vert banlieue, et défilaient toujours les mêmes rêves dans ma tête, les mêmes bruits.

Un ralentissement soudain me plaqua contre le dossier de la banquette jusqu'à l'arrêt.
Les portes s'ouvrirent et le froid s'engouffra aussitôt dans le wagon; le vent soufflait et des gens parlaient dans le vent, je les écoutais à l'autre bout du vent, banalités après banalités, mon moral descendait en flèche.

Les portes claquèrent et peu à peu la chaleur revint, m'apportant un bien-être dans lequel s'installa mon chagrin. Alors, levant la tête, je les remarquai, deux filles et deux garçons assis face à face sur des strapontins. Tous quatre avaient sur la tête un grand chapeau à la Garbo, tous quatre avaient sur le dos un manteau de mouton sur lequel déferlaient leurs longs cheveux comme en cascade.

J'oubliai ma peine et les regardais, intéressé, étonné aussi, un couple blond, un couple brun, était-ce le hasard?

Je mettais toute l'attention disponible au service de ma curiosité. J'observais, j'écoutais, mais ne saisissais que quelques bribes de conversation. 
L'une des deux filles, la blonde, parlait de la mort d'une façon étrange, pas même comme d'une expérience intéressante, elle la décrivait exactement comme si elle savait, comme on décrirait à un ami un hôtel dans lequel on aurait séjourné quelques temps.
Elle expliquait ainsi qu'elle n'aurait plus jamais ni peur, ni froid, plus envie de pleurer, plus envie de se battre, et à mesure qu'elle parlait mon coeur se serrait, mais non, c'était impossible, elle ne pouvait pas avoir raison!
Elle était jolie, tellement jolie, que j'attendais avec anxiété qu'elle parle un peu de la vie. 
La mort, dans sa bouche, m'effrayait bien plus que dans celle du plus hideux des monstres..
A mesure qu'elle parlait ses traits se durcissaient, elle semblait souffrir, et la souffrance elle-même l'embellissait encore..

Le paysage était toujours aussi gris, je ne le regardais plus, je le devinais derrière les mots, derrière cette jolie bouche qui traçait un portrait si terne de la vie en idéalisant la mort. Je ne regardais pas le paysage mais à chaque parole je le voyais plus triste.

Alors raisonna un autre son de cloche, et le dialogue s'engagea. L'auteur des arguments contraires était le garçon brun, d'où j'étais, je ne voyais pas son visage. A la mort, il répondit par la vie, à la lassitude par l'avidité, à la sobriété par l'ivresse. Il disait que la vie était courte et qu'il comptait bien en profiter au maximum.

Son collègue blond, qui jusque là n'était qu'un spectateur, lui demanda s'il croyait vraiment avoir eu déjà l'occasion d'en profiter.

Le garçon brun lui répondit avec beaucoup de conviction qu'il avait reçu comme cadeaux toutes les péripéties du quotidien, et qu'il buvait avec la même soif à la source de la vie cette eau qu'il estimait sacrée, qu'elle soit joie ou peine, bénéfique ou empoisonnée. Il conclut qu'il était prêt à tout, même à vivre n'importe comment pourvu que ce fut la vie.

Visiblement le garçon blond n'était intervenu que pour clarifier la position des deux antagonistes, la fille blonde et le garçon brun, il ne prenait pas parti et attendait maintenant la réponse que ferait sa voisine à ce réquisitoire en faveur de la vie.

La fille brune que je voyais de dos ne semblait pas du tout concernée par la conversation, elle avait le nez collé à la glace et ne se retournait que de temps en temps vers ses amis sans rien dire, ne s'inquiétant, apparemment, que de leur présence.

Quel était donc le quatrième son de cloche?

Je ne le saurai jamais car à ce moment mon esprit s'envola, je rêvai une histoire, un film se déroulait dans ma tête et je voyais vivre, sans les connaître, comme un espion, deux filles et deux garçons, un couple brun, un couple blond...

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mardi 19 septembre 2017

Voler n'est pas tomber




Sur les feuilles qui tombent, j’écris une lettre, un mot, une phrase, la langue se mêle sans contrainte et sans grammaire, et soufflent des sons dans les arcanes du vent.

Sur les feuilles qui volent, j’écris mes idées folles, mystères, passions, souvenirs, illusions, fantasmes.

Sans peur du froid et de l’hiver, du ménage et de la pelle qui les ramasse, les feuilles parlent mon langage, espérant des branches et du ciel une chute éternelle.







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lundi 18 septembre 2017

Des balivernes, Hélène..


Mémo d'avant, mes mots d'alors (24)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Des balivernes, Hélène.
L’amour c’est comme le collectivisme ou la justice, rien d’autre qu’une idée.
On voudrait tendre vers elle, on ne tend que son sexe quand on est viril, ou bien on le secoue pour le réveiller quand il est fatigué.
L’émotion, les larmes, de simples réactions physiques, comme suer, uriner, éjaculer.
Rien là-dedans de vraiment romantique, laisse ça à ceux qui veulent littératurer et permets-moi de raturer.
Des sentiments qui existent, je peux t’en citer: l’envie, le désir, la jalousie, la haine, voilà qui est vrai, et qui nous enchaîne, l’amour on l’a inventé, peut-être parce que nous ne pouvions plus supporter de nous voir si moches, et si  malheureux.
Quand à ceux qu’on prétend aimer, ce sont ceux qui nous câlinent, ceux qui nous servent, ou qui pourraient nous servir, ceux qu’on a désirés, ou ceux qui nous désirent, ceux qu’on a rencontré par hasard, un soir, pour ne pas finir la traversée sans plus personne à qui parler.
Les grandes amours sont tellement rares que dès qu’elles paraissent, tous les poètes s’en emparent, ça donne des Roméo et Juliette, des Héloïse et Abélard, encore naïf je veux croire que ceux-là se sont vraiment aimés.
Ton grand amour n’est qu’une histoire de lard, quand ça démange de se frotter, nous vieillissons pour le savoir, mais ça dérange de se l’avouer.
Nous ne sommes, au bout du compte, que des moucherons dérisoires, sur une immense toile d’araignée; nous bougeons, nous remuons, nous croyons bien nous évader,

                           et puis la mort vient nous bouffer....

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vendredi 15 septembre 2017

Route de nuit


Mémo d'avant, mes mots d'alors (23)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Route de nuit
Devant les phares des arbres défilent
Route de nuit
On coupe les champs, on coupe les villes

Et la nuit s'ouvre en deux
Et l'on s'engouffre dedans
Et la nuit ferme les yeux
On en sortira vivant
si Dieu le veut

Route de nuit
Des feux nous croisent et d'autres gens
Route de nuit
On est seul au monde dans le vent

Et la nuit s'ouvre en deux
Et l'on s'engouffre dedans
Et la nuit ferme les yeux
On en sortira vivant
si Dieu le veut

Route de nuit
On guette l'aube au bout du ciel
Route de nuit
Là-bas nous attend le soleil

Et la nuit s'ouvre en deux
Et l'on s'engouffre dedans
Et la nuit ferme les yeux
On en sortira vivant
si Dieu le veut

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mercredi 13 septembre 2017

Mal


Mémo d'avant, mes mots d'alors (22)

J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Mon cerveau s’est usé
A force de penser à toi, Madame,
A force de hurler des mots
Qui ne passent pas le pas de l’âme
Des mots dénaturés
Des mots invertébrés
Des mots en lames de fond
Crachés d’un amour convulsif
Comme une tempête dérisoire
A l’assaut de tes récifs.
Des mots en éruption
Des tremble-mots de terre
Des chapelets de mots
largués du haut du ciel
Comme un bombardement
Sous la violence de mes prières
Le feu emporte tout
Mon être se consume
Lentement
Le souffle du géant
Devient soupir d’enfant
Mon énergie s’enfuit
Ma passion s ’amenuise
Ces formidables bouleversements
Ont tout détruit à l’intérieur
Du coeur désert
Aux terrains vagues à l’âme
plus rien ne bouge
plus un bruit
silence
rien...

Mon cerveau s’est vidé
j’ai plus d’idées de flamme, de désirs
je ne veux rien écouter, rien dire,
Ne plus bouger, me taire, ou pire
Me cacher rétrécir
Recroqueviller mon enveloppe
Si vide...
M’enfoncer dans le sol, infiniment petit
Et disparaître enfin
Comme mourir...
Ou bien comme saisissant
Une main qui se tend
A force de volonté
De pagayer à contre tourments
Essayer sans dormir
De ramer contre le vent
De rêver que j’ai trouvé
La meilleure des raisons
De ne pas en finir...

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mardi 12 septembre 2017

Qui va là ?

Derrière des grilles et barrières
Passent nos vies toutes entières
Nos vies

Envie de la terre entière
Mettre à bas les frontières
Envie

Peur des gens de la misère
Peur des cris et de la guerre
Si peur

Alors des grilles et barrières
Alors bien dans nos frontières

A guetter dehors...

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vendredi 8 septembre 2017

Dis-moi ce que tu panses, je te dirais ce que tu hais..

Triste ère, triste j’erre, on nous dit l’âme encore et encore en corps, à coups de lames d’émotions et de larmes d’espoir, on attend de l’amour mais seul du lard en sort.

A quoi la vie sert ? Y a-t-il autre-chose que des viscères dans ce corps ?

Blé sûr, fier, je poussais, ignorant les blessures. Au fil des cadrans sont venus les ans, lésant mes certitudes, brisant mon énergie, usant mes défenses, finissant par me rendre comme ennemi de moi-même.


Alors je pense, mens, argumente à perdre haleine, à la recherche de la vérité, de ma vérité, comme si elle allait m’apporter la clé de l’univers..


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mercredi 6 septembre 2017

Aveuglé

L’autour de nous s’enfuit
Le soleil nous regarde,
Le soleil nous poursuit,
Caché derrière les arbres,
Ne darde pas et puis,
Soudain darde, darde, et darde
Ses rayons aveuglants.

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