mardi 30 juin 2020

Voyage nocturne


Si tes seins sont des montagnes
Si ton ventre est une plaine
Dans tes décors de campagne
Je rêvasse et me promène..

Que je marche sur les mains
Sur la tête ou les genoux
Ça te fait toujours du bien
Tu me donnes et me dit tout.

Je me baigne sans maillot
Car ta bouche me l'enlève
Quand je plonge dans ton eau
Et m'enfonce dans tes rêves.

Je visite des tunnels
Sans allumer la lumière
L'obscurité est si belle
Que je me jette en enfer.

Alors tu vois le diable
Et moi je vois le feu
Puis un bonheur inavouable
Te colore enfin les yeux.

Adieu, je quitte tes montagnes
Et tes jardins et tes plaines
Je pars loin de tes campagnes
Alors dans l'ombre coule la Seine...


Ouvrez le ban! Le banc du jour





samedi 27 juin 2020

Temps immobile


En tours de cadrans, secondes et minutes folles,
Les heures et les jours s’envolent…
Chaque matin au réveil, c’est demain.
On se demande « qu’ai-je fait de bien ? ».
Obsédés par le tic-tac de ces horloges imbéciles,
On en oublie que c’est nous qui passons,
Le temps est immobile.


Ouvrez le ban! Le banc du jour





vendredi 26 juin 2020

Le quotidien


Tu as jeté ton journal sur la table, ton manteau sur le lit, tes idées par la fenêtre, ta fatigue dans un fauteuil...
Ça ne va pas et l’on te demande « ça va ? », ça va, tu n’as pas le cœur à faire du plat, pas le cœur à parler de ça, pas comme ça.
Comme dans un rêve, tu vis au quotidien, tu fais les mêmes gestes et personne n’est là pour te dire que tu te répètes, il n’y a que toi qui t’en aperçoive.
Un mot, une phrase, ce n’est rien, mais ça peut faire froid, voilà ce qu’il faudrait dire aux gens, et te dire à toi.
Tu es un étranger, un étrange étranger puisque tu es de là où tu n’es pas, puisque tu n’es pas d’où que ce soit, où que tu sois.
Comme dans un rêve, tu vis au quotidien, tu as jeté ton journal, où déjà ?
Tu pourrais le lire, après tout, et reprendre ton manteau, et sortir, et partir à la recherche de tes idées... Qu’est-ce qui te retient ?

Ce n’est peut-être pas qu’un rêve, ce quotidien.











Ouvrez le ban! Le banc du jour




jeudi 25 juin 2020

Renaissance


Désarticulé mon corps
Dans le torrent est tombé mort,
Comme une pierre a boulé,
S’est ébréché, décharné,
Puis écrasé sur un rocher
Avant de rouler en colorant
L’eau la plus claire de son sang.
Il a voyagé entre deux eaux
Comme se déplace un poisson,
Puis émergeant loin du torrent
Comme un morceau de bois
Il a longtemps navigué
Laissant toujours derrière
De longues traînées rouges
Et des larmes aussi...
Quel animal m’a croqué ?
Quel piranha m’a bouffé ?
J’n’étais plus là pour regarder.
J’avais depuis longtemps
Changé mon enveloppe
Avant, j’étais un géant
Vous me voyez maintenant ?
J’ai choisi, je suis prudent,
Ce corps de vieil adolescent
Qui semble avoir raté l’ascenseur
 Pour s’élever au niveau des grands
Je ne peux pas le regretter
Les vers auront moins à manger
Quoique, question d’appréciation
Ils peuvent aussi préférer
La qualité à la quantité...







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mercredi 24 juin 2020

Ma ville au fond des flaques











Ouvrez le ban! Le banc du jour



Horreur du vide



J’écris sur tout ce qui bouge, les rizières dans le vent, les rivières de diamants, les ballons rouges, les camions rouges qui font pin-pon...
Tout est bon pain, les lapons, les lapins, les piles de ponts qui croulent, les pâles qui tournent, les pôles qui fondent, les pulls qui filent, les eaux plates qui coulent, les opales qui roulent sur des gorges si rondes qu’elles donnent plus de vertige que celles du Verdon...
Le ciné moche, la télé bidon...
J’écris sur tout ce qui vit, la mère aux seins gonflés, l’amère grand-mère aux seins flétris dont grand-père déserte le lit, l’enfant qui t’offre en confiance toute sa petite main potelée quand tu le ne lui tend qu’un seul doigt, et son regard si émouvant, troublant comme de l’eau pure...
L’homme agité qui a mal agit, poursuivi par ses remords, qui même immobile semble s’enfuir, évitant son ombre et sa conscience...
Ces êtres étrangers l’un à l’autre qui savent déjà qu’ils sont promis, ces couples qui se connaissent trop bien pour croire encore à l’amour fou, et tous ces gens qui se croisent, qui ne s’adresseront jamais la parole...
 J’écris sur tous ceux qui doutent...
J’écris sur tous ceux qui croient, sur les sentiers creux de la gloire ou pas, sur les chemins de croix...
Sur ces armées de preux chevaliers et de soldats en quête d’une coupe, prêts à mourir de soif plutôt que de boire dans une autre, alors qu’il n’y a rien à chercher, n’importe quel récipient peut faire l’affaire, même le faitout de ma grand-mère, tout ce temps perdu, pour tous ces gens-là...
Une phrase sur l’autre par-ci, un mot sur l’un par-là, j’écris sur tout ça...
J’écris sur tout ce que je vois...
J’écris sur tout ce que je perçois, sur ces paroles qu’on ne dit pas et qui restent comme ça, suspendues dans l’air, je les note en portées, emportées sur un air par des mots qui sonnent clair, et leurs vibrations résonnent, et, denses, dansent les fréquences en transe...
Et le silence retombe en émotion, comme après la musique....
Je noircis la page blanche, farouchement, je débite avec emphase, en vase communiquant, je rempli et je me vide, je m’épuise, je puise jusqu’au fond, jusqu’à sec, et replonge dans le monde, et introspecte, et ravitaille...
Oh belles ! Oh bois ! Oh citées ! Actes et sentiments ! Lumières !
Obscurité ! Je vous digère et vous consomme, je témoigne que vous êtes, j’atteste que vous avez été...
A quoi bon se mêler de semer le doute, de chercher à traquer les fautes ou les fous, à mettre l’âme des rêves en déroute, à démêler le vrai du faux ?
Je raconte, c’est en moi, et ça devient vrai...
Quand bien même j’aurais tout inventé.



jeudi 18 juin 2020

Envolée de poète


Le poète était au ciel
A cheval sur bleu d’azur
Le poète était au bleu
Age-mouillé sur la mer

Au cravaté d’ici-bas
S’esclavageant par là
Qui, étonné, demanda
Que faites-vous là ?

Il dit :

J’écris ma chanson
J’immensifie le son
J’éternise l’émotion
Et chante aux horizons

Le poète était au blanc
Allongé sur les nuages
Le poète était au vent
Comme un oiseau de passage

Au numéroté d’en bas
Qui se calculait par là
Qui, étonné, demanda
Que faites-vous là ?

Il dit :

J’écris ma chanson
Je rime à foison
J’oublie la raison
Et chante aux horizons











Ouvrez le ban! Le banc du jour