samedi 30 mai 2020

Quand j'erre

Quand j'erre, des vitrines et des reflets où mon regard se perd...













Dans mon roman


J’avale un burger frites
Couché sur mon scooter
Près de moi La Palisse
Me dit « y faut l’faire ! »

Alors, j’ai quitté mon fauteuil
Repris un p’tit blanc sec
Et puis, noirci des feuilles
Courbé, la pipe au bec.

J’ai raconté n’importe quoi
Comme je sais si bien le faire
Dans mon roman y avait des rois
Sans couronne, ni sujets, ni terres.
Tous les historiens  s’ennuyaient
Rien à dire...

Dans mon roman, y avait des guerres
Sans un fusil, sans une bombe
Dans mon roman y avait l’enfer
Mais pas de morts, et pas de tombes
Et Satan, tout seul, s’ennuyait
A en mourir...

Dans mon roman y avait des fleurs
Mais la fleuriste était fanée
Dans mon roman y avait du cœur
Mais des corps aussi pour s’aimer
Alors la censure oubliée s’ennuyait
A en mourir...

Dans mon roman y avait des filles
Libres et  ni de joie ni du monde
Dans mon roman y avait des billes
Et les enfants faisaient la ronde
Mais le Père Noël s’ennuyait

Et continuait de nous mentir...


Ouvrez le ban! Le banc du jour






jeudi 28 mai 2020

Départ d'un soir



Partir dans le noir
Un soir
Au hasard
Au revoir
Le cœur frémissant d’espoir

Partir loin de tout
De tout
Loin des vous
Loin des nous
Sans peur d’un jusqu’au bout

Partir sans rien dire
Partir
Sans souffrir
Sans mourir
Sur le chemin des désirs

Partir d’un je t’aime
Je t’aime
Loin des haines
Dans les plaines
Nuit et fleurs pour emblèmes.

Partir en sommeil…












Ouvrez le ban! Le banc du jour








mercredi 27 mai 2020

Monsieur la bonté



Monsieur la bonté était fou
Ayant supprimé les barrières
Il dit  « tout ceci est à vous,
On ne peut posséder la terre »

Une fois l’étonnement passé
Les rapaces se précipitèrent
Toute la ferme fut dévastée
Ainsi que le propriétaire

A coup de haches les clôtures
Furent abattues avec fièvre
Livrant les bêtes en pâture
Et le terrain, et la rivière

Monsieur la bonté était fou
Si vous voulez le rencontrer
Il n’est jamais loin de chez vous
Il traîne quelque part, désœuvré

Méfiez-vous car il est méchant
Sur son cœur il serre sa bouteille
Il n’a que ça, il la défend
Il craint le vol et la nuit veille...



Ouvrez le ban! Le banc du jour 






mardi 26 mai 2020

Quand la ville se tait



J’ai contre moi quand la ville se tait, quand la lumière électrique remplace le soleil, un animal chaud à la fourrure claire, non, un essaim d’abeille, non, un paysage avec monts et vallons, allons... non, un arbre toujours en fleurs, en fruits ou en pleurs, non, pas un saule pleureur !
J’ai contre moi, quand le silence laisse place au bruit des voisins, une centrale électrique miniature, non, un moulin à paroles, non, une chanson d’amour, un slow ? Non, un rock ? Non !
J’ai contre moi, quand l’univers se réduit soudain à quatre murs, un oreiller ? Non, un drap, non, un drame, une lamentation, un reproche ? Non non non !
J’ai contre moi quand se sont tues les télés, radios, smartphones, tablettes, machines à voir, à entendre, à rêver, un sourire ? Peut-être, une larme ? Peut-être... Un passé, un avenir, une flamme...

Quand la ville se tait, j’ai contre moi une femme, ma femme.



Ouvrez le ban! Le banc du jour