dimanche 9 septembre 2018

Horreur du vide

J’écris sur tout ce qui bouge, les rizières dans le vent, les rivières de diamants, les ballons rouges, les camions rouges qui font pinpon...

Tout est bon pain, les lapons, les lapins, les piles de ponts qui croulent, les pâles qui tournent, les pôles qui fondent, les pulls qui filent, les eaux plates qui coulent, les opales qui roulent sur des gorges si rondes qu’elles donnent plus de vertige que celles du Verdon...

Le cinémoche, la télébidon...

J’écris sur tout ce qui vit, la mère aux seins gonflés, l’amère grand-mère aux seins flétris dont grand-père déserte le lit, l’enfant qui t’offre en confiance toute sa petite main potelée quand tu le ne lui tend qu’un seul doigt, et son regard si émouvant, troublant comme de l’eau pure...

L’homme agité qui a mal agit, poursuivi par ses remords, qui même immobile semble s’enfuir, évitant son ombre et sa conscience...

Ces êtres étrangers l’un à l’autre qui savent déjà qu’ils sont promis, ces couples qui se connaissent trop bien pour croire encore à l’amour fou, et tous ces gens qui se croisent, qui ne s’adresseront jamais la parole...

 J’écris sur tous ceux qui doutent...

J’écris sur tous ceux qui croient, sur les sentiers creux de la gloire ou pas, sur les chemins de croix...

Sur ces armées de preux chevaliers et de soldats en quête d’une coupe, prêts à mourir de soif plutôt que de boire dans une autre, alors qu’il n’y a rien à chercher, n’importe quel récipient peut faire l’affaire, même le faitout de ma grand-mère, tout ce temps perdu, pour tous ces gens-là...

Une phrase sur l’autre par-ci, un mot sur l’un par-là, j’écris sur
tout ca…

J’écris sur tout ce que je vois...

J’écris sur tout ce que je perçois, sur ces paroles qu’on ne dit pas et qui restent comme ça, suspendues dans l’air, je les note en portées, emportées sur un air par des mots qui sonnent clair, et leurs vibrations résonnent, et, denses, dansent les fréquences en transe...

Et le silence retombe en émotion, comme après la musique....

Je noircis la page blanche, farouchement, je débite avec emphase, en vase communiquant, je rempli et je me vide, je m’épuise, je puise jusqu'au fond, jusqu’à sec, et replonge dans le monde, et introspecte, et ravitaille...

Oh belles ! Oh bois ! Oh citées ! Actes et sentiments ! Lumières !
Obscurité ! Je vous digère et vous consomme, je témoigne que vous êtes, j’atteste que vous avez été...

A quoi bon se mêler de semer le doute, de chercher à traquer les fautes ou les fous, à mettre l’âme des rêves en déroute, à démêler le vrai du faux ?

Je raconte, c’est en moi, et ça devient vrai...

Quand bien même j’aurais tout inventé.




















Ouvrez le ban! Le banc du jour


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