lundi 14 octobre 2019

Ça, des rails

Mémo d'avant, mes mots d'alors (58)
J'étais ce jeune homme qui écrivait des textes et des chansons..

Je suis tout seul dans ce compartiment, le train roule et je roule avec lui, il est plein de bêtes et de gens, et ça discute, ça chahute, ça se bute, ça lutte, se dispute... Je regarde par la fenêtre et je vois un peuple de fourmis, et j’en ris sans penser, qu’imbécile, j’en fais partie. Je fais avancer le système qui me fait avancer, pourtant ma place serait dans le maquis des protestataires et des frondeurs, lâcheté, soumission, et je suis complice des cons. 

Mais mon horizon reste silence, mon espace vide, je rêve par la fenêtre, j’entre dans une goutte de pluie, je ressors de l’autre côté dans un autre pays, et je vois, autour de moi, en même temps le soleil et la lune, la montagne et la mer dans un bouillonnement d’écume, et la neige et la chaleur... La chaleur. 
J’ai la liberté dans mes cheveux, le cœur sur la main, le bonheur dans les yeux. Et je marche, je marche sur la grève, je croise des gens que je ne connais pas, qui ne me connaissent pas, qui me disent bonjour en me souriant, comme ça. Il n’y a plus de villes, plus de familles, plus d’or noir ou jaune, donc plus rien à défendre, les gens vivent sur cette plage, ils y mangent, ils y aiment, ils y dorment, et quand tombe la pluie ils s’abritent sous les ormes. La mer évite les raz de marée pour ne pas effaroucher, la mort elle-même n’existe plus. je rencontre mon père qui a enfin trouvé le calme, il ne fume pas, il ne boit pas, il est bien comme ça, « Alors ça va, Pierre ? », je lui répond que oui mais ne le pense pas...

Il faudra bien revenir sur terre, dans ce foutu chemin de fer, cet immense compartiment, et le travail reprendra, et leur argent, et mon enfer...


Ouvrez le ban! Le banc du jour 





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