vendredi 7 avril 2017

Ballade passée

Soleil en rayon


Autour des tours au loin, la fraîcheur orange du matin et ses reflets sur la Seine, la péniche au chevron sur son papier carbone froissé...

 

Le pont de Clichy étire des machines impatientes et leurs jets de fumées au feu rouge, j’oublie le bruit, je marche dans ma tête, je rêve sur une affiche, j’invente un paysage, une plage, un visage...

Une poignée de pas et Paris est là tout autour dans ces atours d’asphalte ternes ou argentés au gré du chatoiement des lumières, ou des habits de pluie.

J’aime ces rues grises, les petits matins déserts du marché et du square des Batignolles.


Des serpents silencieux, en contrebas, se croisent et rentrent et sortent du grand pavillon de la gare Saint-Lazare.

La rue sur ses étals à du soleil en rayon, les vélos font la roue sur les trottoirs, des enfants jouent au ballon, le temps se maintient dans un équilibre fragile.





Au Palais Royal, des fontaines et des jets de perles brillantes jettent un voile sur l’horizon, demain est loin, l’instant est long, des reflets cascadent sur les tuiles d’ardoise, des volées d’oiseaux se croisent, l’air sent bon.





Je me souviens, vers onze ans, j’allais gamin dans cet écrin, être en essor dans ce décor.

Il me semble que j’appréhendais déjà, comme un adulte, ce monde dont je percevais confusément le tumulte.

Le derviche perpétuel des mille cadrans fait valser en rond nos rires, nos peurs, nos pleurs, nos convictions, et dansent nos lâchetés, nos haines, nos rancœurs et nos idylles...


C’est nous qui passons, le temps est immobile.

Silhouettes solitaires, couples enlacés, bébés bercés, échantillons de vies, morceau d’humanité, dans le silence ou dans le bruit, comme à la parade s’étire le défilé.

Souvent, sûrement, des façades rutilantes sur des appartements déserts, pas de contenu, juste des cons tenus à des tenues vestimentaires, à des comportements, à des airs...

Ressembler pour se rassembler, paraître pour disparaître, imiter quelqu’un pour n’être personne...

Jonathan, lui, ne voit de là-haut que des petits points qui bougent, un bocal de poissons rouges, si nos vies n’étaient que ça ?

Je suis assis sur un banc, être toujours de passage, j’observe les choses et les gens, sous le plumage, le ramage, je rêve et je t’attends...


Ouvrez le ban: Le banc du jour


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire