vendredi 1 décembre 2017

Comment Isabella la belle s’éleva au rang de catastrophe naturelle

Mais que faisait donc la belle Isabella là?

Entraînée par quelques amis, discussion d'une soirée animée, on est d'accord, on ne se dégonfle pas, on est partis...

Le pont si haut, dessous le vide, et l'Isabella livide, et le petit ruisseau, tout en bas, si petit qu'à peine on le voit...

Ce n’est pas sensé ces sensations, le VTT, la grimpe, l'avion, l'escalade avec Catherine de la face nord de l'Empire States Building, les plongées, lestée de plomb, à deux cents mètres, en apnée, fallait un treuil pour remonter... Tout essayer pour sentir là battre le cœur, Isabella, las plus grand chose ne l'éprouvait, pas même voyager dans le train sans ticket...

C'était bien le temps des découvertes, les prises de risque le cœur alerte, même les alertes: Elle en avait fait déplacer des flics, des maîtres-nageurs et des pompiers, et les pinpons et les ponpins résonnaient dans sa tête ce matin.

Par soif d'émotions, elle avait lu tous les livres qu'elle trouvait, vu tous les films, tous les tableaux, voulant connaître chaque sensation, écoutant chaque musique, poursuivant sa quête initiatique, mais, au fond, elle cherchait quoi chercher, même dans le moindre bibelot. Elle s’était même perdue deux mois dans Proust, c’était d’avoir gardé près d’elle le dernier tome qui l’avait sauvée, deux mois perdus, mais enfin le temps retrouvé.

Après Guernica, elle avait eu beaucoup de mal à retrouver son intégrité physique, à peine recollée, c’était pour tomber dans Ferdinand Léger... Même le théâtre l’avait tentée, elle joua la torche vivante dans l’Alouette, son ami de l’époque jouait l’abbé Cochon, de bons souvenirs ...

Et puis quoi encore ? Et puis les hommes aussi, un, deux, trois, je vais dans les bois, et puis à deux, à six, à dix, jusqu'à s'user, jusqu'à plus soif, et puis l'angoisse de ne plus avoir envie de boire...  Et puis quoi encore ? La voltige, ou les accessoires...

Elle se rappelait qu'elle avait même essayé d'aimer, mais pas jusqu'au bout, elle n'avait pas osé, c'était trop fort, trop risqué, si on n’est pas équipé Téflon, on finit toujours par s’attacher...

Un petit vent frais sur ses tempes humides, elle s'élança, se jeta, émotion forte? Déçue, au fond...

Au fond un petit ruisseau qui coulait toujours, et le compte à rebours avait commencé, car hélas, TIC, l'élastique, TAC, se cassa, CLIC, dans un claquement sec, CLAC, tombée dans la flotte, FLAC, pas assez de fond, explosion, raz de marée... Et le petit ruisseau coulait toujours, rouge mais reprenant peu à peu sa limpidité...

Ce saut là propulsa Isabella plus haut qu'elle n'était jamais montée, c'est Saint Pierre qui l’accueillit, amusé, avec son bout d'élastique au pied:

- Ma chère enfant, lui dit-il, au ciel, nous ne pouvons rester indifférents à ceux qui mettent tant d’empressement à nous rejoindre, votre place est réservée depuis longtemps, nous vous attendions plus tôt... Savez-vous que le saut à l’élastique fût pratiqué par notre sacré Jésus ? Il avait sauté de si haut, qu’il resta cloué au sol, mais il finit tout de même par remonter...

D'un geste large et majestueux, il la prît par les épaules et la conduisit dans les nues, au paradis. Là, Isabella regardant autour d'elle, pensa : plein de choses inconnues, plein de tentations de tentatives, plein d'essais à essayer... D'abord, même si ça dérange, l'amour avec les anges, et puis le surf sur les nuages, la voie lactée en apnée...

Écouter la musique des planètes et puis s'inviter tous les saints pour faire la fête, rejoindre la lune, faire une croisière en voilier sur la mer de la tranquillité, voyager à dos de comète, s'éclater contre un astéroïde et provoquer une pluie d'étoiles...

Tout ça et bien d’autres choses, son audace sera désormais sans limites... Le temps qui n’existe pas là-haut a passé d’autant plus vite, les expériences se succèdent à un rythme d’enfer, le paradis pour elle... Plus de peur, plus de frisson pour elle, mais elle s’amuse quand même...

Aucunes craintes : si elle tombe, elle chute de rien, donc aucun danger pour la chute de reins qu’a fort belle Isabella. Mais gare aux dégâts...

Quand allongée, tu voudrais bronzer, et que soudain, le soleil se voile, n’envoie pas Monsieur Météo ou Madame Soleil au pilori, c’est peut-être Isabella et son scooter céleste qui enfume le ciel bleu qui nous reste.

Et depuis quelque temps, n’avez-vous pas remarqué ? Les avalanches, la pollution, la calotte glacière qui fond, la forêt amazonienne qui se dégarnit, les trous dans la couche d’ozone...Quelle est réellement la part de responsabilité des hommes ? 

Ouvrez le ban! Le banc du jour


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